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Live Report du concert d’Oranssi Pazuzu, Deafkids et Sturle Dagsland le mercredi 11 mai 2022 au CCO à Lyon-Villeurbanne.

 

Live Report du concert d’Oranssi Pazuzu, Deafkids et Sturle Dagsland le mercredi 11 mai 2022 au CCO à Lyon-Villeurbanne

Un plateau signé Sounds Like Hell Productionshttps://www.facebook.com/slhproductions/

Lien Evénementhttps://www.facebook.com/events/220276476012362/

 

Ce soir au CCO, Sounds Like Hell Productions nous sort un plateau pour le moins étonnant de derrière les fagots. Faire revenir les finlandais d’Oranssi Pazuzu ne devait pas être une mince affaire car ce groupe aussi singulier que génial n’est pas spécialement un habitué des tournées françaises. Leur dernière prestation à Lyon remonte à octobre 2019 où ils étaient déjà venus jouer au CCO dans le cadre du Ravenous Altar Festival lors de sa seconde édition.

Le problème avec certains plateaux, c’est qu’ils arrivent déjà tous prêts dans les pattes des Asso ou des Prod et cela en résulte qu’ils n’ont pas le choix des armes et qu’ils vont devoir faire avec ceux qui sont programmés sur la tournée. C’est des fois un peu la foire à la surprise et c’est bien pour cette raison qu’il y a du gros décalage à l’intérieur de ce plateau où se trouve Oranssi Pazuzu et pas des moindres vous allez voir.

 

 

Comme dirait notre grand philosophe et humoriste français Maître Jean-Pierre Raffarin : « La route est droite, mais la pente est forte ! ». En l’occurrence avec la première prestation au programme de ce soir la pente est effectivement très très forte. A un moment donné dans mon esprit, j’ai même visualisé l’image terrifiante des couloirs himalayens les plus vertigineux et les plus mortels au monde tels que ceux du Nanga Parbat.

Je suis  pourtant ouvert d’esprit et quasi prêt à presque tout entendre ou tout voir, mais là j’avoue que j’ai fait un blocage total quasi liquéfié par ce que j’ai vu et entendu. Si je pouvais courir, je me serais enfui ventre à terre tant et si bien que je pense que je courrais encore. Les coupables de ce méfait car il n’y a pas d’autre mot se nomment Sturle Dagsland qui doit correspondre au nom du « meneur » de ce duo infernal qu’il détient avec son frère et complice qui se prénomme Sjur. Bref, c’est tout un programme et je ne sais pas par où commencer.

Parait-il que c’est un « artiste » adulé qui joue dans des tas de festoches de par le monde. Je me demande bien lesquels mais bon, on ne va pas pinailler. En tout cas cela doit être des festivals très spéciaux car si on programme ça dans n’importe quel festival que je connais ça va finir en émeute.

Alors c’est sûr que pour être surréaliste, ça l’est et pas qu’un peu. Je pense même que ceux qui ont déjà tâté du peyotl ne voient même pas ça à l’apogée de leur transe. Pieds nus, vêtu d’une espèce de combi-short rétro aux impressions du style ménagère du terroir des années 50 avec sur la tête un béret porté comme celui du disciple dans la bande dessinée Léonard, il va nous délivrer un chant polyphonique à réveiller Régine Crespin dans son cercueil, ou du moins ce qu’il en reste.

Son chant se veut d’un caractère lyrique et il va même jusqu’à utiliser la technique ancestrale de chant des amérindiens en se pinçant les cordes vocales pour plafonner dans les aigus. Les natives américains utilisent ce geste lors des chants dans les pow wow en même temps qu’ils frappent sur les mother drums pour relancer la puissance vocale criée tout en accentuant la force de frappe sur l’énorme tambour. Sauf que voilà, eux ça le fait particulièrement bien et c’est sacrément impressionnant.

Pour en revenir à nos « artistes » norvégiens, nous pouvons dire qu’ils se complètent relativement bien. Sjur qui est le frère du « chanteur » est un multi-instrumentiste qui à son look semble s’être échappé d’une formation comme Supertramp version années 70. Sinon il se défend particulièrement bien que ce soit au clavier, à la gratte, à la trompette, ainsi que sur des instruments bizarroïdes. Sa présence est tout à fait notable car il apporte du son ainsi qu’une bonne touche musicale pendant que son frère se déchaîne à faire des trucs que l’on ne comprend pas trop. Il exécute une espèce de danse résolument ethnique, très certainement issue d’un peuple inconnu. J’ai déjà vu ce genre de danse lors de festivals bien arrosés mais soit les personnes étaient sous acide ou complètement bourrées, ce qui laisse peu de choix. Notre « Chanteur-Vocaliste » utilise également différentes percussions afin d’agrémenter sa prestation qui en tous cas, ne laisse pas indifférent.

J’avoue avoir été un peu dubitatif au début de ce « show » car j’ai cru un instant à un canular. Mais voyant que c’était sérieux j’ai pensé à ce moment là qu’il pouvait s’agir d’un atelier spectacle de l’hôpital de Saint Jean de Dieu venu faire une représentation. Bien que j’aie eu tort dans les deux cas, je vous assure que j’aurai pu avoir raison quant à la provenance de cette prestation pour le moins singulière. En tout cas au final, je me suis bien amusé même si je pense que la drôlerie n’est pas le maître mot définissant le thème de leur « spectacle ». Quoi qu’il en soit, je dois dire qu’ils ont tout mon respect car il faut posséder une sacrée dose de courage pour monter sur scène pour faire ce qu’ils font. Comme disait notre ami Thiefaine : « C’est de l’art ou du cochon ? ».

Je vous invite à découvrir les prestations scéniques de ce duo norvégien qui sort complètement des sentiers battus voire des sentiers tous courts. J’avoue avoir fait une sortie de route très tôt lors de leur prestation avec un équivalent d’au moins quatre tonneaux avant de m’écraser contre un platane. Vous trouverez ci-dessous les liens de leurs sites officiels. Peut-être allez vous rire, peut-être allez vous aimer, si vous faites un AVC, sachez que je décline toute responsabilité.

Facebook : https://www.facebook.com/sturledagsland

Youtube : https://www.youtube.com/user/sturledagsland

 

 

Puisque le point fort de cette soirée ce n’est pas la banalité, nous continuons dans le thème avec cette fois-ci un groupe d’un genre plutôt surpuissant qui nous vient tout droit du Brésil. Décidément les amateurs de soirées éclectiques se régalent aujourd’hui. Toutefois, finie la plaisanterie car ce coup-ci ça va faire mal. Effectivement, c’est du brutal, ils sont à la City Steel de Rio de Janeiro ce que les MC5 sont à la Motor City de Detroit. Il est évident que le maître mot de ce set sera une sorte de « Kick Out The Jam » mais façon carioca.

Trêve de plaisanterie, voici un groupe d’un style hors du commun qui assure comme pas possible. Du psyché en veux tu ? Du psyché tu en auras avec tous les assaisonnements possibles afin de l’agrémenter pour qu’il soit meilleur. Pour assister à un concert de Deafkids, il faut être paré pour le décollage car les trois membres qui composent le groupe envoient une sauce pas possible. Sur scène, c’est un véritable déchaînement musical dont il faut pouvoir suivre le tempo. Avec notamment un des titres (le plus long sans doute) de cette formation atypique j’ai eu l’impression de me retrouver en plein Woodstock au beau milieu d’un démentiel « Soul Sacrifice » à la meilleure époque de Carlos Santana avec un rythme de folie à vous coller la transe. Tandis que le chanteur se déchaîne sur ses percussions, le batteur frappe à toute volée en maintenant un groove complètement démoniaque.

Après des morceaux tels que celui-ci, même dans le public tu es complètement rincé. Pourtant Deafkids est loin d’en avoir fini avec nous. Ce groupe vertigineux a hérité d’une partie de tous les courants musicaux qui ont changé à jamais le visage du rock. Ainsi on retrouve aisément au sein de leur musique, du punk, du noise, du metal, du hardcore, jusqu’à un rock psychédélique expérimental complètement halluciné autant que débridé. Je ne sais même pas si le terme de crossover peut correspondre à ces piliers de l’underground brésilien et à ce qu’ils font, tant leurs compositions ont une saveur absolument unique.

Après, peu importe le type de formation à laquelle nous avons affaire, il en résulte souvent si ce n’est toujours, que le pilier du groupe est indéniablement le batteur. Si vous avez un batteur lamentable, croyez moi que vous allez le sentir passer et qu’en dépit de ce que vous jouez, ça va tourner à la catastrophe. Pour Deafkids c’est très loin d’être le cas avec derrière les fûts la présence d’un batteur absolument prodigieux. Non seulement Mariano possède une force de frappe inouïe, mais en plus il est doté d’une polyvalence à toute épreuve. Il fait face à des fractures de rythmes complètement dingues, il est l’organe cardiaque du groupe et se donne à fond jusqu’à friser l’infarctus rythmique. Ce mec m’a bluffé tant il est hallucinant, à croire que la batterie c’est presque facile quand tu le regardes jouer.

Du côté de la basse, ça bouge bien également avec Marcelo Dos Santos qui alterne la quatre cordes avec le clavier. Lui aussi en appui rythmique fait un sacré boulot. Du coup le boulot énorme effectué par ses deux complices laisse le champ quasiment libre à Douglas Leal qui en parfait frontman emmène le show avec une totale frénésie. Guitare, percussions tout y passe, le résultat est crust à mort et noisy à souhait. Je ne connais pas très bien leur discographie, mais je sais que leur album « Live in Slovenija » issu de leur tournée européenne en 2016 est l’élément moteur qui a donné un véritable coup de pied au cul à leur carrière. C’est une formation qu’il faut impérativement découvrir en live. Le trio développe une réelle énergie électrique avec un set qui vous secoue les neurones comme un shaker. Il est impossible de rester indifférent à leur univers déjanté, que l’on aime ou pas le résultat est là et cela vaut bien plus qu’un détour, voire même que l’on s’y attarde.

Je vous invite à retrouver toute l’actualité musicale des brésiliens de Deafkids via les liens de leurs sites officiels que je vous laisse ci-dessous.

Facebook : https://www.facebook.com/deafkidsband

Site Officiel : https://www.neurotrecordings.com/full-roster/deafkids

 

 

Voici le moment tant attendu de cette soirée avec les finlandais d’Oranssi Pazuzu enfin de retour chez nous après trois ans d’absence. Ce soir ils sont de nouveaux prêt à envoyer la grosse artillerie avec tout ce qui pique que ce soit les watts ou les volts. Quand Oranssi Pazuzu grimpe sur scène, ils ne font jamais de voyage à vide et nous allons rapidement nous faire embarquer au cœur d’une véritable tornade sonore qui vise plus la transe et l’épilepsie que le grand bain atmosphérique dans lequel la plupart des groupes de black metal actuels essayent de nous faire tremper jusqu’à la noyade complète tant les titres se ressemblent et paraissent bien souvent indissociables les uns des autres.

Là nous avons affaire à autre chose, un véritable crossover de black metal, de noise rock agrémenté d’un rock psychédélique ultra violent dont le résultat est un immense portail ouvert sur un metal très dark d’une ère nouvelle. Les titres déployés par Oranssi Pazuzu sont obscurs, ils sont la résonnance d’un metal particulièrement noir et incisif où se mêlent étrangement des échos de jazz où la dominante de l’électro rafle sans cesse la mise. Il n’y a pas à se poser de questions, le quintet finlandais nous expédie à travers des couloirs ténébreux, des souterrains froids et sinueux où des fleuves de brumes nous conduisent vers l’inconnu. Il n’y a pas de répit, pas de temps pour s’attarder au cœur de la mélancolie car le chant littéralement hurlé du vocaliste nous pousse sans ménagement vers le fond des abysses.

Les instruments sont exploités dans leurs derniers retranchements, presque au-delà de leurs limites sonores. Les ténèbres s’ouvrent alors sur une nouvelle ère, celle d’un black metal torturé, à la fois psyché, noisy avec des schémas musicaux complexes. Avec cinq albums studio dont le dernier « Mestarin Kynsiet » date de 2020, deux EP, un split plus un live enregistré au Roadburn en 2017, Oranssi Pazuzu n’a désormais plus grand-chose à prouver et démontre avec force et subtilité qu’il est un véritable groupe de scène et que sa musique aussi fouillée soit-elle, est d’une limpidité déconcertante en live lorsqu’elle vous retourne les neurones et vous percute en plein coeur.

L’un des effets que cette formation aussi singulière qu’atypique procure en live, c’est cette impression que leur show est fait d’un seul bloc, sans aucune rupture entre les titres. Tout semble être expédié d’une seule traite avec une sensation de fondu enchaîné entre les différents morceaux qui composent leur set. Quoi qu’il en soit, le résultat est bien là. Le set de ce soir est encore une véritable réussite tant au niveau musical que scénique. C’est un véritable déluge sonore qui s’est abattu sur le CCO avec un public totalement conquis et qui tout comme moi se trouve littéralement embarqué dans leur sphère. La déconnexion avec la réalité est totale, les nappes sonores de synthé ajoutées à une section rythmique de folie nous expédient au cœur d’un véritable vortex de black metal hurlant où le tranchant acéré des guitares en furie vient nous rappeler que nous n’avons quitté à aucun moment l’univers d’un metal des plus noirs que l’on puisse rencontrer.

Je vous invite à retrouver toute l’actualité musicale des finlandais d’Oranssi Pazuzu grâce aux liens de leurs sites officiels que je vous laisse ci-dessous.

Facebook : https://www.facebook.com/oranssipazuzuband

Site Officiel : https://oranssipazuzu.com/videos

 

RETROUVEZ TOUTE LA GALERIE PHOTO OFFICIELLE DU CONCERT VIA LE LIEN CI-DESSOUS :

https://www.facebook.com/media/set/?set=a.5039501246178405&type=3

 

Feedback Music remercie chaleureusement ses amies et partenaires de Sounds Like Hell Productions ainsi que toute leur équipe pour l’avoir invité à assister à ce plateau aussi déconcertant que magnifique. Je pense être passé par toutes les émotions, ce qui n’arrive pas souvent. Merci aux différents acteurs de cette soirée qui me laisseront en mémoire des moments inoubliables à tous les niveaux. Merci également à nos amis du CCO ainsi qu’à leurs techniciens pour leur accueil chaleureux habituel.

 

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