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Live Report du concert d’Ulver et de Stian Westerhus au Ninkasi Kao

Live Report du concert dUlver et de Stian Westerhus le lundi 20 novembre 2017 au Ninkasi Kao. Un événement organisé par Sounds Like Hell Productions.

https://www.facebook.com/events/2006109902748003/

Sounds Like Hell Productions a maintenant pour habitude de boucler de gros plateaux avec de belles affiches, mais j’avoue que ce coup-ci elles se sont surpassées et ont réussi à placer la barre particulièrement haute à Lyon avec ce concert totalement inédit, tant et si bien qu’il sera impossible à quiconque de faire mieux cette année.

Ulver, un peu à la manière d’Amenra est une sorte d’entité inclassable avec des groupes et des musiciens satellites qui gravitent autour du projet. Ces derniers viennent parfois se greffer au combo légendaire comme c’est le cas ce soir avec le guitariste norvégien Stian Westerhus qui en plus d’assurer la première partie de ce show nous gratifiera de quelques merveilles musicales en accompagnant Ulver tout au long de leur set.

Alors qu’une nuit noire d’encre tombe à l’intérieur de la salle du Ninkasi Kao, un homme seul entre en scène. Dans un silence de cathédrale il passe la sangle de sa guitare et c’est parti pour le grand voyage. Au sein de cette nuit bleutée, Baudelaire y retrouverait presque ses petits : « Là, tout n’est qu’ordre et beauté… ».

De sa voix pale, Stian Westerhus tapisse les mélodies hallucinées qui sortent en cascades de sa guitare. Ce guitariste de jazz fusion au style résolument expérimental est un virtuose prolifique qui se promène à travers les sons. Il bascule d’un répertoire à l’autre avec une aisance déconcertante. De la mélodie légère et feutrée jusqu’au son fantomatique en passant par des intonations beaucoup plus progressives, il vous embarque dans son vaisseau lunaire constellé de notes qui vous bercent l’inconscient au travers d’une nuit bleue qui ne porte plus de nom.

Puis sa guitare bascule soudain vers l’euphorie, jusque dans la démence. Stian Westerhus brûle d’un coup les étapes et plonge en plein cœur du noise rock le plus affolé qui soit. Aidé d’une noise box qui a pour but de tapisser l’atmosphère musicale en balançant en continu la note atonale qui tourne et tourne sans cesse, le guitariste norvégien se déchaine sur sa gratte dans la tourmente des effets de fuzz, d’octaver et de delay. Stian déchaîne les démons du noise et fait absorber et vomir toute sorte de sons dissonants et incisifs à sa guitare dont il repousse les limites jusqu’aux confins de l’extrême.

Puis le calme revient, la tempête retombe comme une pluie fine sur des eaux calmes. Au cœur de sa nuit toujours aussi bleutée, Stian Westerhus et son show expérimental s’infiltre dans les brèches de nos émotions, son set est totalement hypnotique, un voyage vers un ailleurs où l’on dérive au cœur d’une espèce de beauté calme. Pas un seul instant ce n’est soporifique, le subconscient est sans cesse en éveil. C’est peut-être d’ailleurs là dedans que réside tout le secret et le charme envoûtant de son show qui ne dépasse guère la demi-heure.

L’enchaînement avec le set d’Ulver se fait naturellement, machinalement, comme une situation parfaitement normale où la suite logique s’inscrirait dans la fusion des deux univers musicaux, puisque Stian Westerhus fera partie intégrante du show d’Ulver.

Afin d’en savoir plus sur Stian Westerhus, je vous laisse en liens ci-dessous le site officiel de ce musicien d’exception, ainsi que sa page officielle facebook. Ne tardez pas à découvrir ce virtuose, vous serez très certainement surpris quant à ses qualités de musicien de talent voire de génie.
http://stianwesterhus.com/Wordpress/#
https://www.facebook.com/stianwesterhussolo/

C’est sans transition aucune que les membres d’Ulver prennent tour à tour leur place sur scène dans une parfaite continuité du show. La première partie assurée par Stian Westerhus ressemble au final à une sorte d’introduction au spectacle hallucinant qui se prépare.

Comme beaucoup, je n’avais jamais eu la chance de voir les norvégiens sur scène avant ce soir. Je peux assurément vous affirmer que j’ai été totalement sidéré par ce que j’ai vu et entendu. Ce fut la fête des lumières bien avant l’heure. Si j’ai eu la chance de voir sur scène les premières utilisations de lasers sur écran géant en 1984 lors d’un concert de Barclay James Harvest, je peux vous dire qu’ils jouaient dans la cours des gosses quant au déploiement de faisceaux et d’animations que j’ai vu ce soir. Quel matos fabuleux ! rien que pour cela, ça vaut le coup de voir Ulver en live. Ça part absolument dans tous les sens avec des effets parfaitement programmés au rythme et à l’ambiance des différents titres. C’est absolument phénoménal en plus d’être hypnotique.

En 24 années d’existence et 15 albums studios, Ulver sont passés par de nombreuses phases musicales et n’ont plus de leçons à recevoir. Je veux dire par là qu’ils maîtrisent parfaitement leur sujet ou plus exactement la musique sur un thème général. Après avoir trempé dans le black metal tantôt violent ou plus ambiant, ils ont fait des incursions dans le pagan et le folk metal à la sauce scandinave, pour déboucher à l’heure de la maturité sur des thèmes beaucoup plus électro avec des teintes new wave à la fois dark et glaciales comme nous pouvons les écouter ce soir. La diversité est leur marque de fabrique avec cette pointe d’obscurité permanente qui se dégage de ce groupe résolument unique et au final très atmosphérique.

Avant-gardistes, ils le sont sans aucune ambiguïté. Leur show aux saveurs psychédéliques avec tous ces lasers tournoyant en tout sens en est une preuve concrète. Ils n’ont pas peur de s’inscrire dans une mouvance contemporaine tendance dark electro avec une pointe de new wave planante et obscure à souhait. Question obscurité nous sommes d’ailleurs servis puisque le show se fera en mode nocturne afin de profiter pleinement du spectacle laser. Question photo, c’est loin d’être optimal, mais cela reste un détail infime car tout se joue dans l’écoute ainsi que le visuel qui fait de ce spectacle un événement unique et inoubliable.

Ulver qui se déplace au final assez peu, entretient et conserve quelque part ce côté confessionnel autant qu’underground. C’est ainsi que ce soir ils sont venus exceptionnellement nous livrer sur scène l’intégralité de leur dernier opus sorti en 2017, « The Assassination of Julius Caesar », qui est écrit et interprété un peu à la manière d’une fresque monumentale au sein de laquelle l’émotion est particulièrement intense.

La prestation d’Ulver fut d’une telle fulgurance que le public s’est déchainé en fin de spectacle afin de demander un rappel qui aura lieu avec une superbe reprise des anglais de liverpool, Frankie Goes To Hollywood. Décidément, Ulver ne connait pas de limites à la musicalité et surtout ne porte pas d’étiquette. Un peu à la manière d’alchimistes musicaux, chaque son qu’ils manipulent se transforme en lumière à défaut de se transformer en or. La formation norvégienne a illuminé le Ninkasi comme personne au sens propre du terme comme au figuré. Je peux vous assurer sans mentir que le public qui était présent ce soir n’est pas près d’oublier le rêve transcendant qu’il vient de vivre ce soir. Par ailleurs, je ne m’en suis toujours pas remis. Je me demande par moment si je n’ai pas rêvé tout cela…

Avec les liens que je vous laisse ci-dessous, partez sans plus attendre à la découverte d’Ulver à travers leur univers musical à la magie sans limite.
http://www.jester-records.com/ulver/ulver.html
https://www.facebook.com/ulverofficial/

Un immense merci à Sounds Like Hell productions pour leur invitation et le travail monumental qu’elles ont du fournir en amont afin que nous ayons l’immense privilège d’avoir pu assister à un tel spectacle et ainsi avoir enfin la chance de découvrir Ulver sur scène. Merci également au Ninkasi kao pour son accueil entre ses murs.